En Turquie, une vague de contestation inédite depuis 12 ans déferle sur le pays. Elle s'élève pour le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui a été suspendu de ses fonctions et incarcéré ce dimanche. Plus de 1 130 manifestants ont été arrêtés mais les appels à manifester continuent. L'élu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan est accusé de "corruption".
Il s’est réveillé en prison, Ekrem Imamoglu le principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan a été incarcéré et démis de ses fonctions la veille pour des accusations de "corruption". Ce qu'il réfute, dénonçant "une exécution sans procès".Ekrem Imamoglu, 53 ans et membre du Parti républicain du peuple (CHP), le parti social-démocrate et laïc du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk.
Imamoglu bête noire d'Erdogan
C'est en 2019 qu'il est propulsé sur la scène nationale lorsqu'il est choisi par son parti pour devenir le candidat à la mairie d'Istanbul. Contre toute attente, il remporte l'élection contre le parti AKP (islamo-conservateur) à la tête de la ville depuis 25 ans. Cette victoire, vue comme une humiliation pour le président qui fut lui-même maire de la capitale économique de 1994 à 1998, n'a pas été sans peine. Le premier scrutin a été annulé par les autorités électorales en raison d’irrégularités supposées, et une deuxième élection a été organisée. Ekrem Imamoglu s'est de nouveau imposé dans les urnes, plus largement que la première fois. De là, la figure de l'opposition est devenue l'homme à abattre pour Erdogan.
Ekrem Imamoglu candidat pour 2028
En 2023, l'édile a été condamné à plus de deux ans de prison pour "insulte" aux membres du Haut conseil électoral. Une condamnation, dont il a fait appel, qui l'a mis hors-jeu pour la présidentielle de la meme année, remportée sans surprise par Erdogan.Malgrè tout Imamoglu a été officiellement désigné par son parti candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en 2028."Je ne reculerai pas d'un pouce. Je gagnerai cette guerre", a-t-il dit dans un message transmis par ses avocats.
Condamnations internationales
L'arrestation et l'incarcération d'Ekrem Imamoglu constituent "des atteintes graves à la démocratie", déplore la diplomatie française. Le président du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, Marc Cools, a réclamé sa "libération immédiate", estimant que son placement en détention était une "manœuvre calculée" et sapait "l'équité des processus électoraux"."Nous voulons que la Turquie reste ancrée à l'Europe, mais cela passe par un engagement clair en faveur des normes et des pratiques démocratiques", a affirmé Guillaume Mercier, un porte-parole de la Commission européenne.
Raphaël Uzan