Au-delà du principe, c'est l'analyse des conséquences qui explique sans doute cette prudence. Interrogés sur les effets possibles d'une reconnaissance immédiate, les Français dressent un tableau anxiogène : 58 % estiment qu'elle ferait monter les tensions entre Israël et l'Iran, 51 % redoutent une augmentation des actes antisémites en France, 50 % pensent qu'elle renforcerait la position du Hamas.
Le tableau est donc celui d'une France divisée mais globalement réticente. La perspective d'une reconnaissance unilatérale est perçue comme un pari mal calibré dans un contexte explosif. Le président, en voulant incarner un leadership diplomatique solitaire, s'est heurté à un double mur : l'indifférence des partenaires internationaux et le scepticisme profond de ses concitoyens.
En conclusion ce sondage démontre que sur un sujet aussi sensible l'opinion publique réclame d'abord des garanties sécuritaires. Emmanuel Macron, en quête de symboles, se retrouve donc très nettement isolé sur la scène internationale comme à l'intérieur du pays.
Raphaël Uzan