Reportage : le deuxième anniversaire de Kfir Bibas célébré places du Trocadéro

19 janvier 2025 - 20:17 - 1345 vues
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Ce 18 janvier, quelques milliers de personnes se sont rassemblées place du Trocadéro à Paris, mais aussi à Tel-Aviv. Parmi les Israéliens capturés le 7 octobre 2023, le plus jeune d'entre eux, Kfir Bibas, a fêté ses 2 ans. Sur place, la foule a oscillé entre « soulagement » et « angoisse » à quelques heures de l'entrée en vigueur d'une trêve censée permettre les premières libérations.

Par Jérémy Chicheportiche 

« Nous sommes tous Kfir Bibas ce soir, car Kfir a deux ans, et nous lui souhaitons tous son anniversaire ce soir. Je voudrais dire à Monsieur le Président que Kfir subit depuis tout ce temps un calvaire injustifiable, insupportable, inqualifiable. Monsieur le Président, vous qui avez une si bonne professeure de français à vos côtés, que sont ces mots ? Que sont ces mots ? Je suis Kfir Bibas, nous sommes Kfir Bibas, vive Israël, vive la liberté, vive la paix ! » Place du Trocadéro, des milliers de personnes se sont rassemblées pour écouter le discours d’Ange-Dan Kalderon, cousin d’Ofer, retenu en otage depuis une quinzaine de mois par les terroristes du Hamas.

Ce rassemblement a été organisé par le collectif Tous 7 octobre pour marquer le deuxième anniversaire de Kfir Bibas, le plus jeune otage du monde, à la veille de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et des premières libérations de captifs de la bande de Gaza. Avec la mise en œuvre de la première phase de cet accord, une période mêlant espoir et angoisse s’ouvre pour Ange-Dan : « Vous vous rendez compte qu’on va peut-être attendre neuf semaines, et récupérer peut-être un mort qu’il va nous falloir enterrer ? s’émeut-il au micro de Radio Shalom. Et qu’on va devoir vivre pendant neuf semaines avec cette pensée-là ? » Bien sûr, il tente de chasser cette idée de son esprit, « mais au fond de nous, on sait très bien qu’il y a ce risque. »

Sur scène, une horloge égrène les jours de captivité des otages du Hamas dans la bande de Gaza : 470. Dans la foule, les étoiles de David des drapeaux israéliens côtoient le tricolore français, souvent orné de rubans jaunes. Beaucoup brandissent des portraits d’otages, principalement celui de Kfir Bibas, qui fêtait hier soir son deuxième anniversaire.

Appuyé contre la barrière, Marc Daniel porte un t-shirt orange avec l’inscription « Libérez ma famille maintenant », barré sur une photo de la famille Bibas. Selon lui, voir le petit garçon libéré par les terroristes relèverait du miracle : « C’est peut-être l’otage emblématique avec son frère ». À notre micro, il qualifie d’inhumain le traitement réservé aux deux garçonnets et à leurs parents. Mais le quinquagénaire veut continuer à croire à leur survie malgré les rumeurs et les informations parfois contradictoires. « Ce serait une petite lueur d’espoir dans une grande nuit de le revoir vivant. »

Au micro, dos à la tour Eiffel, les prises de parole s’enchaînent. Ayelet Samirano, qui a perdu son fils le 7 octobre 2023, assassiné par un membre de l’UNRWA, témoigne de son deuil. Depuis, elle parcourt le monde pour sensibiliser. Sur un écran géant, les images de l’enlèvement de son garçon sont diffusées, provoquant un frisson de colère dans la foule.

Interrogée par Radio Shalom, Ayelet déclare ne pas être satisfaite de l’accord signé mercredi dernier, même si elle y voit un premier pas : « Chaque otage qui revient à la maison, c’est une victoire pour tout le monde. C’est une victoire pour nous tous. » Une victoire qui n’est pas complètement satisfaisante : « Toutes les familles des otages partagent ce sentiment. Elles ne peuvent pas accepter que seulement une partie des otages soit incluse dans cet accord. Parce qu’il n’y a aucune raison, après tout ce temps passé à attendre, après tous les soldats qui ont été tués, après toutes les personnes qui ont perdu la vie, il n’y a aucune raison d’en arriver à ce point : que seulement 33 personnes soient libérées, au lieu de 94. Voilà l’issue qui nous est proposée. »

À notre micro, elle adresse ce message : « Priez pour nous, priez pour nous intensément, car nous voulons retrouver nos enfants en paix. Et nous les voulons tous, pas uniquement 33. »

Depuis une quinzaine de mois de guerre, chaque vendredi, les Mères de l’Espoir se rassemblent place du Trocadéro, comme le rappelle Jérémy Redler, maire du 16e arrondissement de Paris, pour réclamer la libération des otages détenus par le Hamas. Pour lui, il était évident que ce rassemblement, organisé à la veille de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, devait avoir lieu ici, sur cette place. « Le 16e arrondissement a toujours été au-devant des combats contre l’antisémitisme, au-devant du soutien pour Israël. »

Rebaptisée place des otages le temps d’une soirée, la place du Trocadéro, au cœur de la capitale française, battait hier à l’unisson avec le Kikar HaRafui’im de Tel-Aviv, dans l’attente de la libération des 94 Israéliens toujours prisonniers dans la bande de Gaza.

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